Martal
Carrefour le jour, phare la nuit.
Banque. Téléphone. Boucherie. Epicerie. Ombre pour les vendeuses. Point de départ des porteurs, vendeurs de journaux, de cigarettes, il y a même quelques cireurs de chaussures qui viennent pour l’affluence… mais il n’y a rien chez Martal.
On y fait du change à l’entrée, alors que les changeuses de la rue sifflent leur « Ksss… » caractéristique qui rime ici avec dollars. Comme outragées de la concurrence que leur fait la jolie petite employée derrière ses vitres de plexiglas. Elles annoncent, les billets agités dans la mai, d’autres roulés dans un coin de pagne ou glissés dans le soutien gorge. Ca fait mijaurée d’aller faire la queue au guichet au nez de ces amazones.
Ouf, entrée. Qu’y a-t-il ? Des légumes? Pommes et citrons importés, quelques poivrons cellophanés, oignons. Plus de jus de fruits. Plus de pain depuis longtemps. Des laitages en rêve, ou en poudre, à reconstituer. Du thon, de la confiture? parfois, saisir l’occasion. De la lessive dans un coin. Plus de bougies depuis des siècles. Le rayons bebidas, reste généralement bien fourni: vin et cachaca.
Aléas des arrivages Geographie des conteneurs. Nouveautés de ces derniers mois : le succès des produits « complets », bio, des sauces et pâtes chinoises. Ces derniers sont discrets mais apparaissent peu à peu, de même que les indiens.
Il n’y a rien à Martal mais on croise tout les monde. Expats d’en face, ONGistes d’un peu plus bas, bonnes sœurs, gardiens de résidence en uniformes, gamins de la rue régulièrement houspillés par le gérant… le garde, lui, se contente de fermer la porte, le reste n’est pas de son domaine.
Et puis s’il n’y a rien, dehors, on vous demande tout. Un infirme sur sa chaise protégé par un petit parapluie pour accueillir la monnaie… obligemment rendue par le caissier uniquement en billets de 5Kw, pour qu’on puisse en distribuer à tout le monde. Les gamins pour porter, « Mama, uma gazosa », les filles qui vous mettent l’ananas dans les mains, « amiga, um bom precio ». Un tourbillon. Un bagarre pas loin, et en face les joueurs de basket comme des flèches.